Les libéraux de Jean Charest consolident leur avance dans les intentions de vote des Québécois en vue des élections du 26 mars prochain, révèle un sondage Léger Marketing-Le Devoir, réalisé au tout début de la campagne électorale actuelle, soit du 21 au 24 février. Ce premier instantané indique également que l'ADQ a le vent dans les voiles, au point de talonner sérieusement le PQ comme deuxième parti au Québec.
Les chiffres de ce sondage téléphonique, réalisé auprès de 1000 personnes (marge d'erreur de 3,1 % neuf fois sur 10), tracent le portrait suivant, après répartition des indécis, des intentions de vote: 34 % en faveur du PLQ, 26 % pour le PQ, 22 % pour l'ADQ, 6 % pour Québec solidaire et 5 % pour le Parti vert.
«Ces chiffres indiquent que l'ADQ pourrait devenir une alternative aux libéraux», a affirmé hier Anne-Marie Marois, vice-présidente de Léger Marketing. «Le PQ, a-t-elle ajouté, ne réussit pas vraiment à tirer profit de l'insatisfaction envers le gouvernement Charest.»
Par rapport au précédent sondage Léger Marketing, effectué le 12 février dernier, on constate une hausse d'à peine un point de pourcentage des intentions de vote favorables aux libéraux. Pour le PQ, on assiste à une baisse de 3 % des intentions de vote et, pour l'ADQ, à une hausse de 3 %. Cependant, c'est l'écart se creusant entre libéraux et péquistes qui est le plus révélateur de l'allure de la campagne: l'avance de Jean Charest sur les troupes d'André Boisclair est maintenant de 9 %.
Si l'on examine uniquement les réponses des francophones, on constate que le vote pour les trois partis est presque divisé également: 32 % pour le PQ, 30 % pour le PLQ et 25 % pour l'ADQ.
Par rapport aux sondages récents réalisés par la concurrence, celui de Léger Marketing indique une accélération de l'appui à l'ADQ. Ainsi, le sondage CROP publié la semaine dernière dans La Presse affichait les données suivantes: 35 % pour les libéraux, 32 % au PQ et seulement 18 % à l'ADQ. Les entrevues téléphoniques avaient été réalisées du 15 au 20 février, juste avant le déclenchement de la campagne.
Mauvais augure
Par ailleurs, d'autres chiffres du sondage Léger Marketing sont de mauvais augure pour le PQ. Ainsi, 61 % répondants estiment que le prochain gouvernement sera formé par les libéraux, lorsqu'on leur demande de faire des prévisions.
En outre, 31 % des personnes sondées croient que Jean Charest a fait la meilleure campagne jusqu'à maintenant, 25 % pensent que c'est Mario Dumont, mais seulement 14 % des personnes estiment que la palme revient à André Boisclair. Chez les francophones uniquement, Mario Dumont mène avec un taux d'appréciation de 28 %. Il est suivi de Jean Charest à 25 % et d'André Boisclair à 17 %.
«Jean Charest et Mario Dumont ont vraiment gagné la première manche de la campagne. Il va falloir qu'André Boisclair présente du contenu pour obtenir plus d'appui», dit Anne-Marie Marois, de Léger Marketing.
Mais Mario Dumont a quand même du pain sur la planche. «Le Québec ne voit pas l'ADQ comme un parti pouvant prendre le pouvoir, explique-t-elle. On se demande où est l'équipe de Mario Dumont.»
«C'est le seul chef, poursuit-elle, plus populaire que son parti. Est-ce que cela va se traduire en votes? C'est ce qu'on va voir.»
Il est ardu de faire des décomptes par circonscription. «Il est trop tôt, dit Mme Marois, pour aller en profondeur dans les résultats.» En raison de la complexité de la situation actuelle, il faudra faire des sondages plus précis, dans des circonscriptions baromètres par exemple, avant de se lancer dans les chiffres de répartition de sièges.
De toute façon, les jeux sont vraiment loin d'être faits. «Tout peut encore arriver», dit Mme Marois.
À preuve: 45 % des personnes sondées par Léger Marketing affirment qu'elles pourraient changer d'idée au cours de la campagne électorale et seulement 54 % d'entre elles indiquent que leur choix est définitif. Selon Mme Marois, il s'agit d'un niveau de volatilité élevé. En 2003, lors de la dernière campagne provinciale, la proportion des électeurs décidés dépassait 60 % dans les sondages effectués en début de campagne.
Il reste encore trois moments forts à venir qui pourraient, chacun, faire pencher la balance, note Mme Marois: le débat des chefs, le budget de Stephen Harper, déposé le 19 mars et dont on attend beaucoup en matière de demandes du Québec, et les dernières 48 heures de la campagne, toujours cruciales.
Par ailleurs, Léger Marketing s'est intéressé de près, dans ce sondage, aux raisons qui motivent les électeurs afin de voter pour un parti ou un autre. Sans surprise, on apprend que l'appui à la souveraineté vient au premier rang des raisons de voter pour le PQ (35 %) et que l'opposition aux libéraux représente la deuxième raison d'appuyer les péquistes (28 %).
Pour les libéraux, l'opposition à la souveraineté arrive au premier rang des motivations de vote (28 %), suivie par le programme même du parti (18 %).
Par contre, la question nationale ne joue pas du tout dans le cas de l'ADQ. En effet, les raisons pour appuyer le parti passent d'abord par son programme électoral (28 %), puis vient Mario Dumont lui-même (27 %).
Dernier élément du sondage: l'appui à la souveraineté est actuellement sous la barre des 50 % avec 44 % d'appuis.